samedi 12 juillet 2008

Dapaong, région des savanes togolaises

J'ai rencontré la pauvreté. Voilà comment je pourrais définir mon passage par le nord du Togo. Une pauvreté criante, ue souffrance due à la précarité des conditions de vie et à la difficulté du travail aux champs. L'entièreté de la population du nord est paysanne: elle travaille la terre de ses mains ou au moyens des rares outils dont ils disposent.

C'est ici que ma mission prend tout son sens, ici qu'on ne peut rester indifférent à ce qu'on voit, et où la révolte monte en soi quand on comprend les causes de la situation. L'état n'a clairement pas pour objectif de sortir le pays de son marasme, et tant que cette situation perdurera, je pense qu'aucun dévloppement global et durable n'est envisageable au Togo. Je ne m'étendrai pas davanage ici, mais n'en pense pas moins...

Ce qui m'a le plus touché, en rencontrant la population, c'est le manque de moyens dont elle dispose, tant au niveau des outils agricoles, que du matériel scolaire ou de santé dans les hôpitaux, qui n'ont rien à voir avec les hôpitaux de chez nous. Ca rejoint tout à fait ce que je pensais il y a quleque tmps déjà: à quoi bon faire des robots pour que les chirurgiens de chez nous fassent joujou avec, alors que d'autres sont trente ans (voire plus) en retard et opèrent avec un matériel vétuste dans les CHR. Je ne parle même pas des USP qui sont un niveau hiérarchique en-dessous.

Bref, c'est pas tout rose ici. Et c'est pour ça que tout le monde travaille beaucoup, pour gagner juste suffisamment pour vivre, voire moins, certains ne mangeant qu'une fois tous les deux jours en temps de sécheresse (pour rappel je suis en fin de saison des pluies, l'unique pour le Nord et une des deux de l'année pour le Sud). Pas de temps donc pour réfléchir, pour essayer d'améliorer sa condition, et pas de moyens pour le faire non plus. Notamment pas d'argent pour envoyer les enfants à l'école, qui n'est pas gratuite ici. Il faut compter 1500 FCFA par an et par élève, soit 25 euros environ. Pour beaucoup de familles, ce n'est pas possible. La première année, ils envoient bien des enfants à l'école, quand le matériel nécessaire n'est que d'un cahier et d'u bic, pour un total de 200 FCFA. Mais au fur t à mesure des classes, le besoin en matériel augmente... C'est ainsi que moins de la moitié des enfants ayant commencé l'école primaire l'achèvent. Constat beacoup plus lourd chez les filles, où seules quelques privilégiées obtiendront leur diplôme.

Toutes ces données (e bien d'autre mais il y aurait de quoi écrire un livre), je les obtenues au cours des nombreuses entrevues que j'ai eues en quatre jours, notamment à Tamonga, un village où j'ai rencontré des hommes et des femmes réunis dans une classe pour suivre une formation sur les compostières. Lorsque j'ai rencontré ces villageois à la formation, j'ai d'abord expliqué le but de ma mission, tout cela traduit en Moba, la langu locale, par mon fidèle accolyte Emmanuel, membre d'une ONG partenaire. Une fois la traduction terminée, la responsable des femmes a commencé à chanter en claquant des mains, rejointe par toutes les femmes, de manière très rythmée et en terminant les paumes ouvertes en offrande vers moi. "Elles te remercient" me traduit Emmanuel. C'était à la fois impressionnant et touchant, et c'est ce que je rencontre ici, une population qui vit durementet qui en cas de sécheresse manque d'eau et de nourriture. Quand on a soif et faim, le reste devient dérisoire. C'est ainsi que mes journées ont été longues, très longues durant les quatre jours passés ici. Quatre jours qui ne resteront pas sans suite...

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