lundi 21 juillet 2008

Sokodé, centre Togo

La crise pétrolière fait rage au Bénin. C'est ainsi qu'il a fallu passer par le marché noir pour se procurer le gasoil nécessaire pour rallier Sokodé. Une crise pétrolière avec des fonds d'enjeux politiques également (car les produits pétroliers ne posent aucun problème au Togo voisin)... Accompagné par Abdulaie, j'ai donc couvert les 4 heures de route nécessaires pour atteindre Sokodé, où la pluie est ici apparue en masse. Un vrai déluge durant 24 heures. Mais c'est surprenant de voi la vitesse à laquelle le paysage s'assèche une fois la pluie passée. C'est ainsi que j'ai pu jouer au tennis et m'initier à l'équitation, la courte partie de la mission envisagée ici n'ayant pas apporté grand chose, les partenaires ne paraissant pas assez costauds, et participant aux échanges souvent dans le seul but de récolter des fonds. Une triste réalité du monde des ONGs...

Suite de la mission à Nati

Les trois jours suivant ma visite du parc ont été ponctués de rencontres, visites et réunions pour ma mission.

Tout d'abord, j'ai rencontré un responsable de la recherche agricole, qui m'a expliqué ce qu'ils faisaient et qui m'a permis de parfaire mon apprentissage de l'agriculture. Je n'y connaissais rien, mais je commence tout doucement à avoir une vision d'ensemble de ce qui se fait et des politiques menées par les ONGs. Une éventuelle collaboration avec l'UCL a été envisagée.

Après, j'ai visité ce qui reste à ce jour le plus grand éléphant blanc d'Afrique que j'ai rencontré. Par éléphant blanc, les Béninois entendent une usine qui ne fonctionne pas, un grand projet où de l'argent a été investi mais sans aucun résultat... Et à Natitingu, il y en a quelques-uns. Mais le plus impressionnant est cette usine de production de concentré de tomates, avec du matériel high-tech copié sur celui utilisé dans les usines italiennes. Une installation superbe qui n'a quasi jamais servi en 22 ans. Et fonctionnelle en plus... De quoi me faire réagir. J'ai pris des contacts tous azimuts pour comprendre la cause de ce gaspillage, qui fournirait près de 300 emplois dans une région où le "chômage" est un problème. A suivre...

La fin de la ligne de production

Après, je me suis rendu au village de Nanagadé, pour y visiter toutes les structures qui y ont été mises en place, telles une caisse d'épargne et de crédit, une école primaire, un centre de santé, une caisse de mutuelle, et les ouvrages promus par les ONGs. Après avoir insisté beaucoup, j'ai obtenu l'autorisation de dormir dans un village, Nanagadé, dans les mêmes conditions que les villageois. Les femmes du comité villageois que j'ai rencontrées en étaient très heureuses.


La case où j'ai passé la nuit


Ma brosse à dent on ne peut plus biodégradable


Jean et Bienvenue, mes deux accolytes chez la présidente de la caisse d'épargne


Un grenier traditionnel


Un foyer amélioré, alimenté par la présidente du comité villageois


Un petit essai de la pompe hydraulique au pied, bien plus efficace que les pompes à main

Finalement, j'aurai peu envisagé les aspects techniques, si ce n'est concernant les greniers et les pompes, mais j'aurai appris beaucoup des moeurs locaux au cours de ce séjour, notamment sur la polygamie et les rapports de force au sein du village. Après en avoir rencontré le chef (au pouvoir depuis 42 ans!), et dégusté le Tchouk, la bière locale, je suis retourné sur Nati pour rencontrer d'autres personnes.

J'ai ainsi visité le centre hospitalier départemental de Nati, qui ne vaut guère mieux que celui de Dapaong, et j'ai également rencontré le directeur général de la promotion agricole de la région Attacora-Donga (tout le Nord Bénin). Après cette rencontre, des possibilités de relance de l'activité de l'usine de concentré de tomates sont apparues. Nous avons aussi évoqué la situation critique des engrais au Nord Bénin. Alors qu'une population majoritairement agricole se prépare à une saison difficile, sur un sol très pauvre, les engrais indispensables sont bloqués pour des raisons politico-économiques. Cela me révolte vraiment, car si la situation ne change pas rapidement ici, la famine sera plus que présente lors de la saison sèche. Comme vous pouvez le constater, le Nord Bénin n'a rien à envier au Nord Togo, même si l'éducation est ici beaucoup plus financée par l'état. Au Togo, elle n'est tout simplement pas financée du tout... Mais il ne faut pas oublier les mannes d'argent déversées par les diverses actions de coopération avec le Bénin, argent dont n'a pas bénéficié le Togo, alors en froid diplomatique avec les Occidentaux. La situation est loin d'être simple, les apparences trompeuses, et les personnes vraies rares. Heureusement, j'en ai rencontrées quelques-unes jusqu'ici, qui me donnent envie de continuer et de les aider à faire progresser leurs pays...


Salle de radiologie du CHD de Natitingu


Abiba, Hortensia (alias Mistinguette), la fille de mon hôte Angela, et moi

Visite du parc de la Pendjari

Il s'agit du plus grand parc national du Bénin, situé au Nord-Ouest du pays, et s'étendant jusqu' au Burkina Faso et au Togo. En saison sèche, des éléphants ou des lions peuvent être aperçus. En saison pluvieuse, la végétation reprend ses droits. Quelques photos de la journée...


Le guide dans le mirador d'un des lacs du parc


Des antilopes, l'animal le plus présent au parc (quelques milliers) : ici Cobe de Buffon


La rivière Pendjari avec le Burkina Faso de l'autre côté


Un beau spécimen de Waterbuck (Cobe Defassa)


Un troupeau de phacochères


Une cascade sur le chemin de retour vers Nati

mardi 15 juillet 2008

Natitingu, savane du Bénin

Je suis arrivé samedi après-midi à Natitingu, la deuxième étape de ma mission sur le terrain. Après une arrivée en douceur, et d'amicales retrouvailles avec les moustiques béninois (grrr mais c la même chose au Togo), je suis allé visiter le parc de la Pandjari dimanche. C'est le plus grand parc national ici et en saison sèche on peut y admirer des lions, des éléphants, et autres. Ici, c'est plus difficile, les herbes sont hautes et la végétation en général est à son apogée de l'année. J'ai néanmoins vu des babouins et des phacochères, qui sont vraiment hilarants avec leur petit troupeau, avançant à la queue-leuleu avec leur queue à la verticale! Lundi, j'ai commencé les rencontres et puis je suis passé à un village où j'ai séjourné 24h. J'en reviens. Plus d'infos bientôt (et des photos)...

samedi 12 juillet 2008

Images des savanes (2)

Un paysage typique

Une pompe solaire importée du Burkina avec, de gauche à droite, Hermano Lorenzo, Kombate et Emmanuel


Un repas typique, viande de porc, pâte togolaise (plus de goût que la pâte béninoise) et sauce pimentée (ah bon?)


Un marché sur mon trajet vers Natitingu

Images des savanes (1)

Un village où j'ai rencontré une potière qui fabrique des fours améliorés. Sur la photo, de gauche à droite, Emmanuel, mon accolyte chargé marketing du développement durable et Kombate, le chauffeur.



Ce sont les enfants qui guident les animaux, ici un beau boeuf ;-)
La formation des paysans aux techniques agricoles durables


Les stats éloquentes des classes de l'école primaire de Tamonga

Dapaong, région des savanes togolaises

J'ai rencontré la pauvreté. Voilà comment je pourrais définir mon passage par le nord du Togo. Une pauvreté criante, ue souffrance due à la précarité des conditions de vie et à la difficulté du travail aux champs. L'entièreté de la population du nord est paysanne: elle travaille la terre de ses mains ou au moyens des rares outils dont ils disposent.

C'est ici que ma mission prend tout son sens, ici qu'on ne peut rester indifférent à ce qu'on voit, et où la révolte monte en soi quand on comprend les causes de la situation. L'état n'a clairement pas pour objectif de sortir le pays de son marasme, et tant que cette situation perdurera, je pense qu'aucun dévloppement global et durable n'est envisageable au Togo. Je ne m'étendrai pas davanage ici, mais n'en pense pas moins...

Ce qui m'a le plus touché, en rencontrant la population, c'est le manque de moyens dont elle dispose, tant au niveau des outils agricoles, que du matériel scolaire ou de santé dans les hôpitaux, qui n'ont rien à voir avec les hôpitaux de chez nous. Ca rejoint tout à fait ce que je pensais il y a quleque tmps déjà: à quoi bon faire des robots pour que les chirurgiens de chez nous fassent joujou avec, alors que d'autres sont trente ans (voire plus) en retard et opèrent avec un matériel vétuste dans les CHR. Je ne parle même pas des USP qui sont un niveau hiérarchique en-dessous.

Bref, c'est pas tout rose ici. Et c'est pour ça que tout le monde travaille beaucoup, pour gagner juste suffisamment pour vivre, voire moins, certains ne mangeant qu'une fois tous les deux jours en temps de sécheresse (pour rappel je suis en fin de saison des pluies, l'unique pour le Nord et une des deux de l'année pour le Sud). Pas de temps donc pour réfléchir, pour essayer d'améliorer sa condition, et pas de moyens pour le faire non plus. Notamment pas d'argent pour envoyer les enfants à l'école, qui n'est pas gratuite ici. Il faut compter 1500 FCFA par an et par élève, soit 25 euros environ. Pour beaucoup de familles, ce n'est pas possible. La première année, ils envoient bien des enfants à l'école, quand le matériel nécessaire n'est que d'un cahier et d'u bic, pour un total de 200 FCFA. Mais au fur t à mesure des classes, le besoin en matériel augmente... C'est ainsi que moins de la moitié des enfants ayant commencé l'école primaire l'achèvent. Constat beacoup plus lourd chez les filles, où seules quelques privilégiées obtiendront leur diplôme.

Toutes ces données (e bien d'autre mais il y aurait de quoi écrire un livre), je les obtenues au cours des nombreuses entrevues que j'ai eues en quatre jours, notamment à Tamonga, un village où j'ai rencontré des hommes et des femmes réunis dans une classe pour suivre une formation sur les compostières. Lorsque j'ai rencontré ces villageois à la formation, j'ai d'abord expliqué le but de ma mission, tout cela traduit en Moba, la langu locale, par mon fidèle accolyte Emmanuel, membre d'une ONG partenaire. Une fois la traduction terminée, la responsable des femmes a commencé à chanter en claquant des mains, rejointe par toutes les femmes, de manière très rythmée et en terminant les paumes ouvertes en offrande vers moi. "Elles te remercient" me traduit Emmanuel. C'était à la fois impressionnant et touchant, et c'est ce que je rencontre ici, une population qui vit durementet qui en cas de sécheresse manque d'eau et de nourriture. Quand on a soif et faim, le reste devient dérisoire. C'est ainsi que mes journées ont été longues, très longues durant les quatre jours passés ici. Quatre jours qui ne resteront pas sans suite...